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Vous envisagez la mise en redressement judiciaire de votre entreprise ? Vous venez de vivre la liquidation judiciaire de la société qui était toute votre vie ? Deux associations – Second Souffle et 60 000 Rebonds – se rapprochent pour mieux aider les entrepreneurs à surmonter la violence de tels chocs qui sont aussi des traumatismes psychologiques.
Changer notre regard sur l’échec de l’entrepreneur : c’est la mission que se sont fixée les deux associations Second Souffle et 60 000 Rebonds. Elles viennent de signer un accord de partenariat visant à clarifier leur positionnement et le message envoyé aux entrepreneurs en difficulté.
Rompre l’isolement, garder la lucidité
Second Souffle intervient en amont des procédures judiciaires. Pour résumer, « dès que le dirigeant ne trouve plus le sommeil face à ses problèmes quotidiens », explique Guillaume Bourdon, président de l’antenne lyonnaise qui a vécu lui-même la situation. Les difficultés sont là, il commence à perdre sa lucidité et sa confiance en lui, se ferme et s’enfonce dans la solitude avec des décisions urgentes à prendre, pressé par le manque de trésorerie alors que les délais de paiement des clients ne cessent de s’étirer. « Dans cette phase où les difficultés s’intensifient, nous l’aidons à réorganiser l’entreprise en plein chaos, l’écouter et rompre son isolement voire financer une prise en charge psychologique ». Chez Second Souffle, il trouvera une écoute bienveillante de la part de chefs d’entreprise bénévoles qui ont souvent vécu eux-mêmes cette situation.
Les appels au secours se multiplient
Homme ou femme, 46 ans de moyenne d’âge, six ans dans leur dernière activité, trois salariés, 300 000 euros de chiffre d’affaires, très diplômés, la moitié travaillant dans le commerce indépendant et la restauration, beaucoup dans le BTP : c’est le profil des personnes soutenues par Second Souffle. La situation ne s’arrange pas. « Nos 150 bénévoles ont accompagné 300 personnes en 2023 contre 100 l’année précédente. Les appels au secours se multiplient ».
Retrouver l’estime de soi
De son côté, 60 000 Rebonds a accompagné 240 entrepreneurs en 2023 contre 190 l’année précédente. Marc Rousse, qui préside son antenne d’Auvergne-Rhône-Alpes, explique : « Nous intervenons quant à nous après une liquidation d’entreprise, période très difficile à vivre pour un entrepreneur qui est alors empreint de honte et de culpabilité. L’entrepreneur déchu n’a plus rien. J’ai connu une dirigeante qui ne pouvait même plus se payer un ticket de métro, un autre contraint de loger dans une chambre de bonne ». Il faut alors retrouver l’estime de soi qui aidera au rebond. Pendant deux ans, un suivi individuel (via un coach professionnel) et collectif (ateliers) est proposé gratuitement par 60 000 Rebonds.
Un échec ? Non, une expérience !
« Sans évacuer les erreurs commises, l’entrepreneur doit se dire : ce n’est parce que je suis tombé de vélo que je ne sais plus en faire », poursuit Marc Rousse. Guillaume Bourdon utilise une autre image : « Un billet de banque froissé a toujours la même valeur. Un entrepreneur cabossé, c’est la même chose : il n’a pas perdu sa valeur ni ses qualités ». Certains repartiront pour une nouvelle aventure entrepreneuriale, d’autres choisiront plutôt le salariat.
Les deux associations, toujours en recherche de financeurs et de dirigeants bénévoles, ont réussi à convaincre les principaux acteurs économiques locaux : tribunal de commerce, experts-comptables, Barreau de Lyon, Medef, CPME, Urssaf, chambres consulaires, etc. Et même quelques grands groupes. Un « écosystème plutôt solidaire », juge Marc Rousse.
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