L’enseigne Comptoir de campagne est en danger

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Placée en redressement judiciaire en novembre dernier, l’enseigne Comptoir de campagne tente de finaliser une nouvelle levée de fonds. Les offres de nouveaux actionnaires sont attendues d’ici le 6 mars. Une cession ou une liquidation ne sont pas exclues.

« Notre mise en redressement judiciaire n’a pas freiné les demandes des municipalités pour ouvrir un magasin Comptoir de Campagne dans leur village », affirme Virginie Hils, cofondatrice et dirigeante de l’enseigne qui veut redynamiser la ruralité en y implantant ses supérettes généralistes et multiservices. Lancé en 2016, le concept répond à une réalité que personne ne conteste : la désertification de certaines zones rurales. Il propose des produits locaux et livrés en circuits courts, une multitude de services qui ont disparu du paysage dans les territoires visés, et entend renforcer le lien social. Dans ces magasins de village, on peut trouver des produits alimentaires frais, un dépôt de pain, des livres, des fleurs mais aussi de quoi envoyer son courrier, acheter des billets de train, faire repasser ou laver son linge et réparer ses chaussures… Et, last but not least, profiter d’un salon de thé ou d’un bistrot.

Quinze magasins à ce jour, et des projets

Cette offre a déjà séduit un certain nombre de collectivités (on compte à ce jour 15 magasins à l’enseigne Comptoir de Campagne ; 7 projets sont en cours) prêtes à investir dans l’aménagement de locaux pour accueillir l’enseigne et ainsi redynamiser leur commune. Dernier exemple en date : Charpey, dans la Drôme, où Virginie Hils a inauguré la semaine dernière un magasin. La dirigeante rappelle par ailleurs que l’État, à travers son Plan France Ruralité, a fixé la revitalisation des campagnes comme l’un de ses objectifs.

Quel modèle économique ?

Bref, le besoin fait l’unanimité et la volonté politique ne manque pas. Reste à trouver le modèle économique qui permettra d’y répondre de façon pérenne. Jusqu’à présent, force est de reconnaître que Comptoir de Campagne n’a pas réussi à démontrer sa viabilité. Virginie Hils a son explication : l’enseigne a ouvert trop de succursales et pas assez de magasins en franchise, lesquels sont clairement plus rentables et efficaces, à la fois pour le franchisé et pour le franchiseur. « Sur nos 15 magasins, dix sont des succursales gérées par une quarantaine de salariés, et cinq des établissements franchisés indépendants assistés par nos fonctions supports (10 personnes au siège). Un magasin franchisé génère 25 % de chiffre d’affaires en plus par rapport à une succursale, laquelle est plus lourde et moins souple à gérer ». Il faut donc, selon la dirigeante, inverser le rapport entre ces deux types d’exploitation. Ce mouvement de bascule a commencé dès 2021, mais un peu tard. Car les pertes se sont accumulées : 1,5 million d’euros en 2021 puis 660 000 euros en 2023 (sur un chiffre d’affaires de 3,3 millions). La trésorerie est aujourd’hui exsangue.

500 000 euros à trouver

Virginie Hils s’est donc attelée à une nouvelle levée de fonds de 1,5 million d’euros dont elle a déjà rassemblé les deux tiers. Reste à trouver 500 000 euros d’ici un mois. Le temps presse. Les actionnaires historiques, institutionnels pour la plupart d’entre eux (banques, assureurs, La Poste…), aimeraient trouver un nouvel actionnaire qui ait des compétences dans le monde du commerce.

L’avenir de Comptoir de Campagne passe donc par la franchise et la vente de certains de ses fonds de commerce, ainsi que par ses études locales de marché qu’elle propose aux collectivités et qui sont, elles aussi, génératrices de chiffre d’affaires.

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