SPECIAL INDUSTRIE. Bruno Voland (TRA-C) : « Venez vous éclater dans l’industrie ! »

Cet article est paru en premier sur https://www.brefeco.com/

A l’occasion du salon Global Industrie Paris, nous sommes allés à la rencontre d’acteurs qui font vivre l’industrie en Auvergne-Rhône-Alpes comme Bruno Voland, à la tête d’un groupe de métallurgie de quelque 350 salariés, près de Tarare. Il évoque avec Bref Eco une industrie qui recrute et change de visage : plus médiatisée, plus attractive, indispensable après des crises internationales qui ont remis la souveraineté au cœur des discours et des stratégies.

Bref Eco : Quel est le profil du groupe TRA-C Industrie ?

Bruno Voland : Nous sommes un groupe familial basé à Vindry-sur-Turdine, près de Tarare, dont je détiens 70 % du capital (le dg Aymeric de Monclin détient les 30 % restants) et qui coiffe sept usines en France. Nos compétences en métallurgie (soudure, chaudronnerie, usinage, conception de sous-ensembles et de machines) adressent des marchés sur lesquels nous fournissons plusieurs grands noms des industries automobile, aéronautique, ferroviaire, nucléaire, de la Défense ou de la Sécurité.

En Val de Loire, dans le Puy-de-Dôme ou dans le Rhône, les entreprises de votre groupe sont installées en dehors des métropoles. Est-ce un atout ou un handicap ?

B.V. : Je suis très fier de ces installations dans les territoires. L’avantage tient à la qualité de la main-d’œuvre : les gens sont très attachés à leur territoire et s’investissent dans leur travail. Depuis quelques années (un effet de la crise du covid ?), on a vu des ingénieurs et cadres quitter Lyon pour nous rejoindre.

Comment fidélisez-vous vos collaborateurs ?

B.V. : La fidélité est étroitement liée au sens donné au travail. Les collaborateurs ne veulent plus simplement fabriquer des pièces mais comprendre pourquoi ils le font. Nous communiquons en interne par tous les moyens et tous les deux mois, nous proposons un petit-déjeuner qui réunit quelque 100 personnes, pour donner des informations tous azimuts. Dans l’atelier, le soudeur apprécie de savoir que leur président visite un site nucléaire ou que des collègues sont sur un chantier au Mexique, photos à l’appui. Il est également nécessaire de partager des informations financières, de les expliquer. La fidélité passe aussi par le niveau des salaires, bien sûr, et par l’équilibre vie professionnelle/ vie personnelle.

L’image de l’industrie change-t-elle vraiment ?

B.V. : Je suis surpris que les sondages placent encore la pénibilité comme caractéristique de l’industrie. La meilleure façon d’être convaincant, c’est d’ouvrir nos entreprises sur l’extérieur, en montrant ce qu’on y fait. Chez TRA-C, nous prenons des lycéens en stages découvertes, nous proposons aussi des stages d’ingénieurs, d’ouvriers, de bac pro, etc. Et maintenant, nous allons accompagner la réforme des lycées professionnels. Ici, l’apprentissage est une clé de voûte, du CAP jusqu’à l’ingénieur voire au doctorat. Environ 10 % de nos effectifs sont en formation par alternance.

Les jeunes sont-ils toujours réticents vis-à-vis de l’industrie ?

B.V. : Non. Il faut simplement leur donner envie de nous rejoindre, avec des locaux modernes, des salles de repos confortables etc. Je n’ai pas honte de faire visiter mes ateliers. Le problème, ce n’est pas les jeunes, c’est plutôt leurs parents qui ont une vraie méconnaissance de l’industrie. Or, s’il y a bien un secteur qui va créer des emplois dans les vingt ans à venir, c’est l’industrie, la métallurgie en particulier ! Il faut continuer à convaincre les familles, à leur montrer ce que nous sommes vraiment.

Les jeunes diplômés préfèrent-ils toujours les grands groupes aux PMI ?

B.V. : Non, ce n’est plus le cas car ils veulent trouver du sens dans leur travail, un équilibre personnel. Profitons-en pour « klaxonner » en leur disant : venez chez nous, vous allez vous éclater ! Chez TRA-C, à Vindry, nous avons quatre ingénieurs et un docteur de moins de trente ans, avec un bureau d’études et des méthodes de vingt personnes. Notre moyenne d’âge est de 36 ans.

Peinez-vous à recruter ?

B.V. : Nous n’avons pas trop de difficultés sur ce plan. Nous allons jusqu’à embaucher, en travaillant avec France Travail ou les Missions Locales, des personnes en reconversion professionnelle. Nous les testons alors via un CDD ou par intérim. Et si elles conviennent, nous leur proposons une formation, généralement d’une semaine par mois pendant un an. Nous prenons alors tout en charge : hôtel, repas, déplacements. Nous regardons aussi du côté des personnes inscrites au RSA. C’est un vivier très important : elles sont tout de même 2 millions en France !

Vous faites aussi du prêt de personnel…

B.V. : Oui, par exemple avec le groupe Manitowoc, actuellement en difficulté : on a recruté cinq personnes chez eux (deux peintres et trois soudeurs) sur notre site de Roanne. Ces gens nous remercient et préfèrent ça plutôt que de rester à la maison en chômage partiel. Près de Tarare, une petite entreprise de métallurgie est elle aussi à la peine : je leur ai proposé de faire du prêt de personnel et nous avons accueilli un de leurs collaborateurs.

GROUPE TRA-C INDUSTRIE                                                                                              Siège : Vindry-sur- Turdine ; 7 usines ; CA 2023 : 52 M€ (+ 25 %) ; Effectif : 350 personnes.

Cet article a été publié dans le numéro 2575 de Bref Eco

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*