Vincent Brocker, directeur du Phare de Chambéry : “Ce qui nous anime est de rendre les gens heureux”

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Depuis plus de vingt ans, Vincent Brocker évolue dans le secteur de l’événementiel. Il en connaît tous les rouages, de l’exploitation sur le terrain, jusqu’à la conception d’événements. En novembre dernier, il a pris la direction de la plus grande salle du bassin chambérien : le Phare. Un challenge, qui est aussi un aboutissement, et qu’il aborde avec beaucoup de liberté.

Après le Palais des sports de Grenoble, que représente le Phare dans votre parcours ?

V.B. Diriger le Phare est un aboutissement. Je connaissais cette salle en tant qu’ancien concurrent. Mes interlocuteurs professionnels m’en ont toujours dit le plus grand bien. Quand on abordait le sujet de l’évolution du Palais des sports, Le Phare était toujours cité en exemple. Ces deux équipements sont très différents, mais ils ont tous deux été conçus pour la pratique sportive : le Palais des sports datant de 1968, le Phare, de 2009. La logique pluridisciplinaire est inhérente au Phare et sa modernité le rend ultra-modulable. De limite ici, hormis la jauge, il n’y en a pas.

Quelle sera votre feuille de route ?

V.B. Quand je suis arrivé, la programmation était bien établie avec une activité dense, qui comprend entre 40 et 50 dates par an. Mais certains artistes ont tendance à privilégier d’autres bassins de population, alors que ce n’était pas le cas avant. Il y a un travail de fond à mener pour rééquilibrer l’offre culturelle, car il y a de la place pour tout le monde. Dans le cadre de notre mission de service public, on se doit de permettre aux Chambériens d’avoir accès à des artistes comme Julien Doré ou Soprano, sans devoir se déplacer. C’est aussi une question de modèle, car de grandes têtes d’affiche apportent une santé financière qui permet d’oser l’accueil d’acteurs plus locaux.

Quels sont les enjeux sur le volet sportif ?

V.B. Avec une vingtaine de matchs et un club de hand résident à l’année, je ne dirais pas qu’il y ait d’enjeu sur le volet sportif. En revanche, le Phare pourrait tout à fait permettre d’accueillir des événements d’envergure nationale. Cela a été le cas par le passé, et sur ce plan, mon travail est d’identifier les opportunités.

En tant que spectateur, quels sont les événements qui vous font vibrer ?

V.B. Paradoxalement, je me suis orienté vers une activité culturelle, mais je suis un sportif au départ. J’ai grandi dans une petite ville d’Alsace qui s’appelle Sélestat, dont la locomotive est un club de handball. Mon papa m’emmenait voir les matchs, ce sport a bercé ma jeunesse. Me retrouver aujourd’hui au Phare est assez étonnant pour moi.

Vous destiniez-vous à l’événementiel ?

V.B. J’ai toujours été attiré par ce secteur d’activité. Dès le lycée, j’étais membre d’associations et je pense avoir occupé toutes les fonctions, depuis l’exploitation sur le terrain, jusqu’à la conception d’événements. Je me suis formé à la communication, mais depuis plus de vingt ans, ma vie est rythmée par l’événementiel.

Assez rapidement vous avez quitté l’Alsace pour vous installer à Grenoble…

V.B. Oui, en 2004, je suis venu avec un collègue avec qui j’avais travaillé sur le festival Babel, à Strasbourg. Nous avions une mission de six mois pour organiser le Cabaret frappé, mais l’aventure a duré onze ans. J’ai bénéficié d’une grande liberté d’action sur la programmation, ce qui est un vrai confort. Progressivement, nous avons pu décliner de nombreux temps forts autour du Cabaret, dont la venue du ministre brésilien de la Culture en 2004, ou encore testé beaucoup de formats de spectacles atypiques. Par exemple en 2011, nous avons organisé une discothèque silencieuse, au parc Paul-Mistral, qui a réuni plus de 8 000 personnes. Concernant l’Alsace, il s’agit d’une région où il fait vraiment bon vivre. Strasbourg est une ville magnifique. Elle me manque ainsi que la gastronomie. Mais je suis ravi de vivre en Auvergne-Rhône-Alpes, dont la diversité est exceptionnelle à tout point de vue : l’environnement, les montagnes, etc. Aujourd’hui je me sens totalement adopté et j’ai besoin de montagnes dans mon paysage.

Pourquoi parlez-vous plus volontiers à la première personne du pluriel ?

V.B. Parce que c’est ma façon de fonctionner. Pour moi, le travail qui est mené ici ne peut pas se faire sans l’adhésion d’une équipe engagée dans une volonté de comprendre l’environnement dans lequel elle évolue, et ses enjeux. Je suis convaincu que l’humain est essentiel dans nos métiers. J’ai toujours eu affaire à des gens passionnés, ceux qui m’ont formé l’étaient, et je suis moi-même passionné par ce que je fais. Forcément on essaie d’être dans la transmission, pas seulement par principe, mais parce que sans une équipe on n’est pas grand-chose. Même si le milieu artistique est souvent qualifié d’individualiste, paradoxalement les gens qui œuvrent dans l’ombre sont dans une approche totalement différente, où l’esprit de groupe est fondamental.

Peut-on comparer votre activité à celle d’une chambre d’hôte ?

V.B. L’analogie est exacte. Les six personnes de l’équipe du Phare sont en quelque sorte des professionnels de l’accueil. Nous accueillons les artistes avec leurs équipes et leurs prestataires, ainsi que le public. Nous œuvrons pour que chacun se sente bien ici, le temps très court de son passage. Ce qui nous anime au fond est de rendre les gens heureux, en toute simplicité, et c’est une expérience assez géniale.

Avez-vous vraiment le loisir de constater les sourires des personnes que vous accueillez ?

V.B. J’essaie de profiter de ces instants même si paradoxalement, c’est lorsque les artistes sont sur scène que nous sommes le plus au calme. Mais c’est important de pouvoir se nourrir de cela. C’est aussi une chance de pouvoir assister à la concrétisation de tout le travail qui a été nécessaire en amont.

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